Quelles places les femmes occupent-elles au sein de l’imaginaire de la persécution et de l’extermination des Juifs européens? Alors qu’après-guerre, l’image type du déporté est celle d’un homme résistant, ce sont essentiellement des témoignages de femmes qui sensibilisent l’opinion au thème de la déportation et au sort tragique des Juifs. Dans le milieu très masculin du cinéma de cette époque, c’est également une femme qui tourne à Birkenau la première fiction consacrée à l'univers concentrationnaire. Y’a-t-il eu une expérience spécifiquement féminine de la Shoah? Existe-t-il une approche particulière de cette question de la part des réalisatrices, des actrices et des témoins qui s’en sont saisies?
Jeudi 27 septembre 2012 à 18h30
Etre une femme pendant la Shoah
Dans l’imaginaire de nos sociétés sous influence masculine, la vie des femmes dans la guerre est essentiellement vue à travers le prisme des violences subies. Or la réalité est bien plus complexe. La guerre et la Shoah ont bouleversé la vie des femmes juives qui ont dû faire preuve de capacités d’adaptation, d’improvisation et de courage pour assurer leur survie et celle de leurs proches. Quelles ont été leurs réponses aux situations extrêmes qu’elles ont vécues? Existe-t-il des spécificités féminines à résister, à survivre et à se reconstruire?
avec Annette Wieviorka, historienne
Jeudi 18 octobre 2012 à 18h30
L’image et son absence. Souvenirs de femmes dans Shoah
Dans Shoah de Claude Lanzmann, alors que le champ visible se définit par l’absence, les souvenirs de femmes donnent lieu à une présence acoustique variée, où s’entremêlent des voix qui témoignent, chantent, traduisent, et qui apparaissent dans les récits d’hommes. L’objectif de cette séance, outre une analyse détaillée des différentes représentations de la femme dans le film, sera d’étudier les rushes des sept survivantes interviewées lors du tournage et de s’interroger sur l’absence de ces récits dans le montage final.
avec Jennifer Cazenave, docteure en études cinématographiques
Jeudi 15 novembre 2012 à 18h30
Anne Frank: de l’écrit à l’écran
En mettant en regard le Journal d’Anne Frank et ses adaptations cinématographiques, en puisant également dans les réappropriations de cette histoire par d’autres formes de culture populaire (du timbre au manga) ou encore l'espace public, cette séance s’interrogera sur ce que ces multiples déclinaisons ont retenu de ce monument littéraire. Comment les films, en érigeant Anne Frank en figure archétypale de l’innocence persécutée, vont-ils gommer les traits singuliers de cette voix dans la «Nuit»?
avec Florian Torres, scénariste et enseignant en cinéma
Jeudi 6 décembre 2012 à 18h30
Une femme pionnière: Wanda Jakubowska
Ce fut le jour même de son arrivée à Birkenau, où elle fut déportée en 1943, que Wanda Jakubowska décida qu’elle ferait un film de son expérience. Quatre ans plus tard, elle tournait La Dernière étape, qui allait s’imposer pendant de longues années comme le film de référence sur la déportation. Puis, dans La Fin de notre monde (1964), Jakubowska interrogea le devenir de la mémoire et du site d’Auschwitz. Portrait d'une cinéaste pionnière et d'une femme au parcours hors du commun.
avec Ania Szczepanska, maître de conférences en histoire du cinéma à l’Université Paris I
Jeudi 10 janvier 2013 à 18h30
Marceline Loridan-Ivens, l’insoumise
«J’ai 15 ans, l’âge du traumatisme. On a toujours l’âge de son traumatisme.», écrit Marceline Loridan-Ivens au sujet de sa déportation en 1944 à Auschwitz. La vie de ce trublion rebelle à tout, hantée par la Shoah, s’illumine suite à sa «rencontre fortuite» avec le cinéma. Elle en tire une oeuvre pleine d’audace et de poésie. Voyage à travers sa mémoire, son histoire familiale marquée par la mort du père en déportation, ses combats de femme et ses films.
avec Marceline Loridan-Ivens, cinéaste
Jeudi 31 janvier 2013 à 18h30
Marguerite Duras: le cinéma de «l’indisible»
Il existe un lien fort entre le cinéma et les oeuvres de Marguerite Duras. Son écriture cinématographique est très proche de son écriture littéraire dont les thèmes de prédilection sont l’amour, la sensualité féminine, la mort et la destruction. La Seconde Guerre mondiale, la déportation en 1944 de son mari, Robert Antelme, et surtout la Shoah ont marqué d’une empreinte indélébile son existence, et par conséquent, son oeuvre aussi bien littéraire que cinématographique.
avec Christiane Blot-Labarrère, maître de conférences et vice-présidente de la Société Marguerite Duras
Jeudi 21 février 2013 à 18h30
Carte blanche à Chantal Akerman
Cinéaste de tous les genres (de la fiction au documentaire en passant par le cinéma expérimental et les installations) dont elle revendique la porosité des frontières, Chantal Akerman fait confiance à son instinct et à son regard pour questionner les thèmes qui lui sont chers: l’identité juive, l’enfermement, l’exil. Enfant de la deuxième génération, son oeuvre, en partie autobiographique, ne se limite pas à une mémoire de la Shoah.
avec Chantal Akerman, cinéaste
Jeudi 21 mars 2013 à 18h30
Gila Almagor: le visage d’une mémoire israélienne tourmentée
L’actrice Gila Almagor figure dans nombre de films qui, des années 1960 à nos jours, ont constitué les grands succès du cinéma israélien. A plusieurs reprises, elle y a incarné des personnages associés à la mémoire de la Shoah, y compris celui de sa propre mère dans L’été d’Aviya et Under the Domim Tree où les zones d’ombre de son histoire familiale se révèlent symptomatiques du rapport obsessionnel qu’entretient la société israélienne avec le souvenir de la Shoah.
avec Georges Bensoussan, historien
Jeudi 11 avril 2013 18h30
Résistantes juives
Les femmes ont longtemps été oubliées de l’historiographie et de la mémoire collective de la résistance. Etre juive a constitué un obstacle supplémentaire à la reconnaissance de leur engagement et ce, jusqu’aux années 1970. Leur histoire reste encore à écrire. Du sauvetage d’enfants aux agents de liaison, quelles représentations le cinéma a-t-il donné de leurs rôles et de leurs motivations variés?
Intervenant en cours de confirmation
Jeudi 16 mai 2013 à 18h30
Figures maternelles
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les mères juives ont été confrontées à des situations inhumaines dont elles ont pu difficilement parler. Ainsi, dès après-guerre, le cinéma dresse-t-il des portraits de femmes promenant des berceaux vides ou attendant en vain le retour d’enfants à jamais disparus. Comment traite-t-il de ces traumatismes? Comment, au-delà du clivage masculin/féminin, utilise-t-il la figure traditionnelle de la mère? Et pourquoi?
avec Eva Weil, psychanalyste
Jeudi 6 juin 2013 à 18h30
Briser les tabous
Dans les années 1960-1970, de nombreuses oeuvres littéraires et cinématographiques ont développé un discours, souvent creux, sur l’érotisation du pouvoir, faisant du nazisme le lieu de tous les défoulements et transgressions, comme l’a relevé l’historien Saul Friedländer. Pourtant, sous le poids de la honte, de la culpabilité et de la morale, des sujets comme les violences sexuelles au sein du monde concentrationnaire sont difficilement traités. Comment le cinéma peut-il échapper aux stéréotypes qu’il a lui-même créés?
Avec Pauline Le Diset, scénariste et enseignante en histoire du cinéma
Réservation au 01 53 01 17 03 ou cem@memorialdelashoah.org
Le Centre d’enseignement multimédia propose un rendez-vous mensuel de deux heures, au cours duquel historiens, critiques, spécialistes du cinéma explorent la relation particulière qui existe entre le cinéma et la Shoah. Animée par Ophir Lévy, doctorant à Paris I et chargé de cours en études cinématographiques à Paris III, chaque séance se déroule en deux temps: une conférence illustrée d’extraits de films, suivie d’un débat avec le public.